dimanche 12 juillet 2015

Ce silence qui fait du bruit


Ce matin, comme hier matin, la maison est calme.

Silencieuse.

Mais le silence, quand il hurle, il brise un peu les tympans.

Et ce matin, comme hier matin, le silence est criant. Pas de petite voix flûtée. Pas de son sourd annonçant qu’un objet qui ne le devrait pas vient de s’échouer sur le sol. Pas de petits pas sur le bois flottant. Pas de « mamaaaaaaan » retentissant à tout bout d’champ.

Silence. Calme.

Plat.

Pas de pieds froids collés sur mes jambes dans le lit, aucun petit doigt dans mes yeux ou mes oreilles pour me réveiller. Pas de gazon resté collé aux orteils qui traine partout sur le plancher que j’ai nettoyé et qui garde, étrangement, plus de dix minutes, son éclat alarmant qu’aucun bloc Légo ne vient troubler. Aucune course de tite auto dans le salon. Pas de voix insistante pour obtenir le contrôle de la manette de la télévision. Pas de yogourt renversé dans un regain de volonté d’autonomie. Pas de lait au chocolat. Pas d’escargot dans un pot. Pas de boucle à attacher, de bouche à essuyer, de cheveux à tresser.  

Que ce calme trop calme.

Que le frigo qui respire. Un café chaud. Et le bruit régulier de mes doigts sur le clavier.

Et ce vide.

Ce vide qui m’effrayait et que je dois maintenant apprendre à garnir. Ce vide que mes enfants avaient magnifiquement empli de leur petite vie.

Prends du temps pour toi pendant que tes enfants sont chez leur papa, qu’y disent.

Je le sais. Je le fais. Mais il y a de ces habitudes qui nous collent à la peau comme un plaster tout frais qu’on tenterait d’arracher.

Et comme j’ai dû un jour accepter le fouilli que ces deux petites vies foutaient dans la mienne, je dois maintenant apprivoiser l’ordre qui y règne quand ils sont partis vivre une petite partie de la leur ailleurs.

En buvant du café.

Chaud, pour une fois.