dimanche 21 décembre 2014

Québec, je t'haïs

Depuis quelques nuits blanches déjà, je cherche mes mots, Québec. Ceux que j'ai trouvés sont trop violents, haineux, sacrent sans modération et envoient chier promptement, désobligeamment. Ceux-là n'auraient servi à rien. J'essaierai donc d'en choisir d'autres et de les écrire calmement.


J'ai bien réfléchi, Québec. Et sache que mes mots, je les pèse précautionneusement. Je ne croyais pas les dire un jour, moi qui t'aimais tant. Je ne pensais pas les penser vraiment. C'était du déni, je le sais maintenant. Alors je te les lance comme ils m'habitent : sèchement, brutalement.


Québec, je t'haïs.
Terriblement.


Je t'en veux, de fusiller mes rêves. De noyer mes valeurs. De saigner mes espoirs, mes ambitions, mes aspirations.


Je t'en veux de mentir, de salir. De faire croire et de détruire. Je t'en veux de nous négliger, de m'abandonner et de prétendre que c'est pour mon bien, que ça va bien aller.


Je t'en veux de ne pas voir l'essentiel. De cracher sur le primordial. De piétiner le principal. Et de scander hypocritement que ça ne fera pas mal.


Je t'en veux de vouloir changer. De te détourner des priorités. Je ne peux pas te laisser faire, tu me verras me lever. Je ne peux pas me laisser faire, tu m'entendras crier.


Québec, je t'haïs, mais j'espère cruellement pouvoir encore t'aimer.


Je veux vivre, éduquer, grandir avec toi. Québec, tes décisions m'appartiennent un peu, souviens-t'en. Je ne suis pas seule à enrager tant. À colérer férocement. Québec, arrête-toi, il est encore temps. Reviens donc à ce qui importe tant.





mardi 16 décembre 2014

Chêne


J'ai écrit ces mots pour une amie qui ne savait pas lesquels choisir après avoir appris le cancer d'une de ses amies. Parfois, ça fait plaisir d'offrir ses mots à ceux qui ne trouvent pas les leurs...

J’étais un roseau après la tempête. J’avais eu beau essayer, j’avais été incapable de me redresser. Le vent m’avais usée, courbée jusqu’à me plier complètement, jusqu’à m’écraser, me briser. J’étais un roseau massacré. Et toi, mon chêne. Vivant. Solide. Assuré. Ta force apaisait ma fragilité. M’empêchait de vaciller. Tu étais droite, parfaitement bien enracinée. Et tes couleurs égayaient la grisaille, éclairaient mon obscurité. Et tranquillement, j’ai su me relever, me soigner. C’est toi, mon chêne, qui, tout ce temps, m’a protégée.

Et voilà qu’une nouvelle tempête rugit. Les vents sont forts, je sais, je fléchis. Et j’ai peur. J’ai peur pour toi, mon amie. Peur que cette fois, ce soit toi qui plies. Et je ne suis qu’un roseau, toute menue à côté d’un chêne, si petite devant le grand, minuscule devant le géant. Mais j’ai confiance. J’ai confiance en ta puissance, mon amie. Je sais que tu resteras debout dans les vents. Je sais que tu ne casseras pas pendant l’ouragan. Garde toute ta force pour toi, cette fois. Reste droite, mon amie, ne fléchis pas.





mardi 2 décembre 2014

Rêver jeune

Rêver jeune, vivre vieux. Aimer la spontanéité et devoir planifier. Souhaiter hurler, danser, mais se taire, se raisonner. Réprimer son rire pour la crédibilité. Être solide alors qu'on a envie de s'écrouler.


Pis étouffer.


Vouloir des céréales pour souper pis s'obliger à manger équilibré. Courir même si on est fatigué. Se lever quand on voudrait se coucher. S'impatienter alors que tout passe avec tant de rapidité.


Pis souffler. S'essouffler.


Et respirer. Recommencer.


Désirer l'impromptu, mais routiniser. Fantasmer d'intensité et se contenter de stabilité. Voir grand, vivre raisonnablement. Aimer agir, devoir réfléchir.


Et s'étourdir. En espérant ne pas défaillir.