lundi 14 juillet 2014

Toi qui n'as pas de graines de muffin dans le fond de ton char

Toi, lecteur indécis qui ne sait pas s'il aura des enfants. Toi qui as encore le temps d'y réfléchir. Toi qui branles dans le manche. (Non, mais, ça vient d'où, cette expression-là?!?) Toi qui vas au festival d'été sans te soucier d'apporter des lingettes humides ou des collations. Toi qui manges un bol de céréales, le soir, pour souper, quand t'as envie d'envoyer paître Ricardo. Toi, là, qui se lèves régulièrement au-delà de 7 heures le matin. Toi, oui, toi! J'ai quelques mots à te dire, avant que le manche se stabilise pis que t'arrêtes de branler d'dans. (!!!??!)


Des kids, c'est du temps plein.


Je le sais, que tu le sais, t'es pas un con! Je sais que tu sais que la nuit aussi, t'es le parent de ton enfant faque que c'est toi qui dois ramasser le pipi ou le vomi entre un rêve où Louis-Jean Cormier te demande en mariage et un autre dans lequel la fin du monde te force à empaler désespérément, pour ta survie, un chat nébuleusement atterri dans ton canot au moment où tu pensais sérieusement à te bouffer une main. Je sais ben que tu sais que le matin, tu peux pas le laisser mariner (ton kid! pas Louis-Jean. Ni le chat empalé.) dans son bol de lait renversé devant la télé que tu tentes tant bien que mal de lui ploguer pour t'accorder un sursis de quelques minutes de sommeil. Je sais que tu sais ben que tu vas devoir applaudir des bottés de marde au soccer. Je sais.


Ce que je ne sais pas si tu sais, c'est que plus tu investis d'énergie et de temps, avec des kids, plus c'est payant.


D'abord. Tsé, gérer une crise de 10 minutes, ça te demandera pratiquement autant d'énergie que d'aller t'entraîner une tite heure. En plus, tu devras ajouter à l'énergie dépensée un fort contrôle de toi-même, un sentiment d'incompétence parental et parfois même, si c'est devant public, une légère touche de honte. Et le pire, c'est que cette crise, tu la verras venir. Ton réflexe de défense sera naturellement de tout faire pour éviter cette dépense ridicule d'énergie. Parce qu'on s'entend : prendre 10 minutes dans la course folle du matin pour calmer les hurlements dramatiques de l'enfant qui n'a pas la bonne couleur de bobettes, c'est plutôt futile. Donc, en personne raisonnable que tu es, tu tenteras d'éviter la dépense inutile d'énergie. Mais tsé, quand la crise que tu n'auras pas réussi à éviter sera entamée, que les convulsions auront débuté, que l'écume sortira de la bouche rugissante de ton enfant au visage déformé par la rage de n'avoir pas de Nutella dans sa sandwiche, c'est là qu'un problème grave pourrait survenir : l'achat de la paix.


L'achat de la paix, c'est une façon de négocier les crises en donnant immédiatement à l'enfant ce qu'il veut pour éviter une dépense d'énergie qui semble stérile.


Mais non, lecteur à la liberté encore intacte. Non! C'est un piège! N'y tombe pas. Ne lui mets pas de Nutella en te disant que la prochaine fois, ça ne se passera pas comme ça!!!! Laisse-lui ses bobettes bleues et ne t'imagine pas que tu sauves du temps à lui mettre les rouge parce qu'il crie pour les avoir!!!! Phrase importante : l'énergie que tu ne dépenseras pas à ce moment, tu devras la dépenser de façon exponentielle plus tard, crois-moi.


Ensuite. Je sais ben que tu sais que le kid, il s'occupe pas toujours tout seul. Je sais que tu sais ben que tu devras passer du temps avec lui. Je sais que tu te dis, comme Stéphane Laporte, que dans ton temps, les kids de la rue jouaient ensemble pis que les parents ne s'en mêlaient pas. Et je dois t'avertir : jouer avec un enfant, c'est cool pendant un temps, mais ça fait son temps. Pis vient un temps où jouer te prend plus d'énergie que d'aller faire ton épicerie un 24 décembre en pleine tempête. (Pis des fois, en fait, t'as plus envie d'aller faire ton épicerie un 24 décembre dans la tempête.) Pis il faut que tu saches : texter pendant que son enfant joue, c'est bon pour son autonomie. C'est non négligeable. Mais c'est insuffisant. Jouer avec lui - à terre parfois, ben oui! - c'est bon pour ben d'autres tites affaires qui lui seront tout autant utiles que l'autonomie dans la vie : le langage, mettons. Les règles, aussi. Mais jouer à quatre pattes, je ne pense pas te l'apprendre, c'est moins agréable que de texter. (Pis si ton IPhone est mort noyé, tu peux même oublier ça.) Faque tu peux pas juste texter. Dommage. De toute façon, si tu t'installes confortablement pour relaxer quelques minutes, c'est bien connu : le verre que ta progéniture tient se renversera automatiquement ou le contenu de son assiette s'évanouira subitement sur le sol ou il aura fini son caca et te chantera de venir l'essuyer ou il aura probablement enduit la télé de crème solaire ou bedon il se sera coupé un bout de doigt avec les ciseaux qu'il aura dénichés dans le tiroir de la cuisine.


Par ailleurs, si tu choisis l'option "reproduction" :


Oublie les conversations ininterrompues.


Sache que ton char, peu importe son état actuel, est propre.


Le caca deviendra inévitablement un sujet de conversation.


Tu t'inquièteras pour le restant de tes jours.


Quand tu partiras 2 heures, tu auras l'impression de partir 2 semaines.


L'heure où tu sors dans les bars deviendra l'heure où tes partys se termineront.


Le café, c'est bon froid.


Le steak, c'est bon froid.


Faire pipi seul, c'est du passé.


Les vêtements (leur couleur, leur tissu, leur étiquette, leurs dessins, leurs rayures, leur longueur, leur grosseur de trou de tête, leurs taches, leur longueur de manches...) peuvent devenir source de conflit.


Si tu trouves que ta blonde change d'idée souvent, t'as rien vu.


Couper des ongles, mettre de la crème solaire et partir à la guerre ont quelque chose en commun.


C'est pas tout, mais c'est un bon départ. Je voulais que tu saches, lecteur qui ne connait pas encore le bon dosage d'Advil à donner à un kid de moins de 2 ans. Je ne pense pas t'avoir convaincu de te reproduire, je sais. Si tu veux des mots réconfortants, tu peux aller lire ceci ou bedon, ça, ou encore celui-là, ou lui, c'est encore mieux... ou ben lui, tu vas tomber sous le charme... Mais je voulais juste que tu saches. C'est facile d'idéaliser, de rêver, de s'imaginer, de s'inventer une réalité, d'emmieuter, de se leurrer, de fabuler, de nier les difficultés. Mais dans la réalité, me semble qu'on ne peut pas tant que ça se tromper. Encore moins faire les choses à moitié.


Les kids, c'est le plus beau défi d'une vie. Mais un défi, on ne le relève jamais sans un peu de broue dans l'toupet.


Faque ton courage, attache-le dans ta tuque avec d'la broche, pis lance-toi tête première et yeux ouverts. T'es capable, même si c'est pas facile.





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