mercredi 9 juillet 2014

Québécois, je t'aime

On dit que ce qui se passe à Cuba, reste à Cuba. Il m'est alors impossible de partager avec toi, lecteur jaloux, certaines de mes réflexions de bord de mer arrosées de drinks trop sucrés et d'eau trop salée. Tu ne connaîtras donc pas toutes ces interminables et inévitables discussions autour de la texture de nos selles qui allègent invariablement le niveau de langage de chacun de mes voyages. Je ne te raconterai pas non plus de long en large la protubérance sur le mur du resto de fruits de mer qui ressemblait étrangement à un énorme vagin que deux immenses mains auraient ouvert, ni la brillante idée que nous avons eue d'y glisser notre tête pour simuler notre naissance. Tu ne pourras pas rire des nombreux jeux de mots que nous avons ensuite créés avec "noune" puisque noune sommes pas autorisées à les rapporter de là-bas. Tu ne liras pas l'histoire de notre porte qui n'ouvrait plus et des 4 balcons du premier étage que j'ai dû traverser telle Spiderman, au grand désespoir du personnel de l'hôtel qui jugeait cette mission téméraire et impossible, dans le but vénérable de réussir à ouvrir notre porte-patio et ainsi sauver notre soirée et tooooooute notre avant-midi de plage du lendemain. Je ne pourrai malheureusement pas non plus te parler des longues soirées pleines d'étoiles et de lunes orange, ni de tout ce temps qu'on regardait passer, ni du bonheur à n'avoir, pour une semaine, aucune bouche à essuyer, aucun petit corps à coucher, aucune larme à consoler, aucun chiâlage à calmer lors de la séance d'épandage de crème solaire. Il n'est surtout pas question d'aborder le sujet du regard affamé des Cubains, ni de leurs trop nombreux compliments et encore moins des quelques propositions de mariage lancées avec la même légèreté chaque fois et à chaque fille. 

Non. De tout ça, je ne peux pas en discuter.

Par contre, j'avais envie de t'avouer une chose, lecteur envieux. Ça me démangeait de te la partager puisque trop souvent, on la tait. J'ai beaucoup pensé à toi, Québécois, et je dois te dire que, vraiment, viscéralement : JE T'AIME.

Je t'aime parce que la femme, tu te gardes une tite gêne, quand tu la regardes. Je t'aime pour ce respect qui t'empêche de lui dévorer le corps des yeux, même si cette envie peut être flatteuse pour elle, parfois.  Je t'aime pour cette intensité que tu ne distribues pas aléatoirement, à la première venue. Je t'aime puisque malgré que tu ne danses pas si bien, tu sais néanmoins t'amuser. Je t'aime parce que je peux avoir de longues conversations avec toi sans sentir que je te dois une baise ou une fellation. Je t'aime parce que tu choisis précautionneusement celle que tu demandes en mariage. Parce que tu n'as pas le compliment volage. Je t'aime, Québécois,  parce que tu aimes assez la Québécoise pour te forcer à regarder qui elle est, pas juste dans son décolleté.

Merci, Québec, de me permettre de côtoyer des hommes qui savent à la fois désirer et respecter.

Québécois, you rock! (Mais tu pourrais quand même un peu apprendre à danser...)





6 commentaires:

  1. Nous n'en serions pas là, nous Québécois, à remettre en cause notre concept flou de la drague chaque fois que nous sommes exposé à la simplicité et au style plutôt droit au but du modèle cubain, si, à notre retour, nous avions tous la chance de tomber sur un texte comme celui-là.

    Nous ne jugerions probablement pas aussi pathétique le sentiment indiscernable qui émerge de nous lorsqu'en voyage à mille piastres dans les tropiques, nous passons une soirée complète à discuter de ce que nous avons laissé derrière avec une québécoise fraîchement rencontrée.

    Ah oui et au fait ce n'est pas tant que nous ne savons pas danser c'est simplement qu'avec la prise de conscience de nos capacités limitées, vient le réflexe typiquement québécois de pallier avec l'humour. Un Québécois dansant qui décroche ne serait-ce qu'un sourire poli de la part d'une femme a déjà largement surpassé ses objectifs.

    Nous ne pourrons te remercier assez pour ton texte.

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    1. Je préfère le concept flou et respectueux de la drague québécoise, crois-moi. Même si la drague cubaine est sanguine, passionnée, elle garde quelque chose de violent, d'agressif plutôt. Chacun ses goûts, j'imagine... ;) Mais vous ne devriez jamais remettre en question la drague polie, elle plait à plusieurs. Et cet humour, Québécois, stie que vous l'avez! ;)

      Vous avez passé une belle fin de voyage?

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    2. P.S. Serait temps que tu aies un Facebook!

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    3. Stéphane... Facebook... ça n'arrivera pas! :)

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  2. Je sais danser... à Just Dance 2014 sur la Kinect. (Oui, je fais de l'exercice de temps en temps.)

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