dimanche 28 septembre 2014

Nous sommes

Nous sommes. 
Il a quelque chose de permanent, le verbe être. 
Non? 

Un dimanche soir pareil à tous les autres dimanches soirs, ta Terre a cessé de tourner. Le téléphone avait sonné. Sa sonnerie n'avait pourtant rien de particulier. Aucune musique dramatique ne s'était subitement mise à jouer. La lumière n'avait pas changé. Rien ne laissait présager. Tu avais répondu innocemment. En croyant qu'ils étaient. Qu'ils seraient toujours. Ou du moins longtemps.

Tu as su qu'ils n'étaient plus. Jamais. Que toi non plus, tu ne serais plus complètement. Du moins pour longtemps. 

Tu m'avais appelée. Le téléphone avait sonné. Sa sonnerie n'avait pourtant rien de particulier. Mais ma Terre s'était un peu arrêtée. Pendant que les enfants s'arrosaient dans le bain, mon impuissance ruisselait sur mes joues. 

Et tu avais tant à penser alors que tout ce que tu aurais voulu, c'est t'écrouler. Et tu avais ce petit homme, dans ton ventre, que tu devais protéger. Protéger de cette douleur que tu voulais lui éviter. Parce que tu ne voulais pas donner la vie dans la mort. Parce que tu n'étais pas seule dans ton corps.

Et tu es restée debout. Alors que tu aurais pu t'écrouler. Tes racines avaient été arrachées, mais tu n'as pas laissé l'ouragan t'emporter. 

Tu ne savais pas comment faire, quand ta Terre s'est doucement remise à tourner. Comment vivre le bonheur d'une naissance dans la douleur de la mort? Et toutes ces premières fois sans leurs mots, sans leurs voix? Tu devais réapprendre à marcher, seule cette fois. Sans leur aide, sans leurs bras.

Mais tes pieds étaient solides, même s'ils avaient parfois envie de s'écrouler. Tu avais d'autres petites vies à t'occuper. Tu as pris soin de ceux qui sont. Et tu as continué à être, malgré la tempête. 

Maintenant, je sais que tu sais mieux que moi que nous sommes, oui, mais ne sommes pas permanents. 

Et je le sais un peu plus, avec toi.

Tu es forte, mon amie. Plus que tu ne le crois. 


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