Je vous vois, grandir, trop vite. Pousser. Haut. Devenir vieux. Vous épanouir. Découvrir. Choisir, tout seuls. J’ai peur. J’ai peur, parfois du temps qui file. Aujourd’hui, on t’inscrit à la maternelle, demain, tu entreras à l’université. Ce matin, il a fait pipi dans ses pantalons, demain soir, il s’achètera des condoms.
Vous découvrirez, en grandissant, qu’un gun n’est pas un télescope. Vous découvrirez que le méchant loup, ben, il existe vraiment. Que le prince charmant, lui, trop souvent, il est aux gars. Qu’une marraine n’a finalement rien d’une fée. Que le divan, ce n’est pas un bateau de pirates. Que les gentils ne gagnent pas toujours. Que les méchants ont souvent l’air d’avoir beaucoup d’amis. Que les gentils sont parfois méchants. Vous découvrirez. Tout seuls. Comme des grands. Ce que d’autres ont découvert. Et je devrai vous laisser découvrir, vous laisser vous éloigner de l’enfance et de ses bonheurs simples, de sa candeur, de sa légèreté, de ses dinosaures et de ses princesses, de ses lutins et de son Père-Noël. Je devrai vous laisser découvrir la réalité. Et si je n’avais qu’un vœu à faire, je souhaiterais que toujours, malgré ses défauts, vous aimiez cette réalité. Votre réalité. Votre vie. Même si parfois elle est dure et laide, toujours il faut l’aimer, la vie. Parfois elle nous écrase, nous gifle, nous griffe. Parfois, elle mord. Elle a ses humeurs, la vie. Et elle n’écoute personne. C’est pour ça qu’il faut l’aimer, parce que parfois elle est détestable. Mais quand elle voit que même si elle est chiante, on continue de l’aimer, elle devient alors plus douce. Et si on sourit quand elle voudrait qu’on pleure, on devient plus fort. Et si on l’aime, ben elle nous aime aussi.
Je sais, vous poussez. Haut. Et vite. Et bien. Mais, mes
enfants, grandissez curieux. Et impressionnables. Vous ne saurez jamais tout,
aussi bien le savoir maintenant. Et cette vie, c’est pour ça qu’elle est belle.
Parce qu’elle a toujours une chose à nous apprendre. Elle est bonne pédagogue,
faites-lui confiance. Et cherchez à savoir, à voir, à connaitre, à découvrir.
Et extasiez-vous : elle est impressionnante, la vie.
Vous poussez, je le sais. Vous grandissez. Vous devenez
vieux un peu. Mais vieillissez fous. Pas trop droite. À votre goût. Courez,
criez, riez, jouez, sautillez. La vie, elle n’est pas sérieuse. Et si parfois
elle est grise, c’est la folie qui lui redonnera ses couleurs. Parce que la
folie, elle la fait toujours rire, la vie.
Je le sais, mes enfants, que vous devenez grands. Que
demain, vous vivrez un peu plus sans moi. Mais gardez, dans vos yeux, un peu de
brillance, un peu d’enfance. Parce que vous êtes tellement beaux comme ça.
C'est magnifique M-L ! Tu as su rejoinfre le coeur de tous les parents :)
RépondreEffacerTa voisine
Et il te reste beaucoup d'enfance et de brillance... Merveilleux!
RépondreEffacerTa maman
S'il grandissent à l'image de leur mère, nul doute qu'ils seront épanouis et heureux.
RépondreEffacerWow ! Bravo Marie-Luce pour ce magnifique texte et ton blogue ! Dire qu'on a eu la chance de partager une partie de notre enfance (ou adolescence...) ensemble. C'est tellement touchant de voir cette fois nos petits amours faire leur propre chemin, la maternelle est toute qu'une étape hein !
RépondreEffacerMartine
Merci Martine! Oui... c'est quelque chose de les voir grandir, de les voir devenir un peu plus eux toujours. Que de beaux souvenirs avec toi! J'espère que mes enfants sauront avoir d'aussi bons moments avec d'aussi bons amis! ;)
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