vendredi 13 septembre 2013

Québec l'angoissée

Québec, ma grande originale, ma douce excentrique, ma belle extravagante. Tu veux jamais rien faire comme tout le monde. Tu parles français, tu étudies au collégial, tu mets ton linge su'a corde, tu invectives en joual, tu manges d'la poutine, tu injuries à coups d'hosties, tu portes des mitaines, mais t'as câlissement frette quand même... Rien qu'à voir, Québec, on voit ben : tu sors du lot, on te scrute, tu te démarques, tu te distingues.

Québec, ma belliqueuse, ma guerrière, ma batailleuse, ma fière. La marée n'a pas réussi à t'emporter. Tes pieds demeurent bien enracinés et toi, solide, droite, gonflée de fierté. Ton histoire en guise de bouclier, ta langue en guise d'épée. Québec, je t'ai toujours admirée, adulée, encensée. J'ai défendu ta singularité, ton unicité. Et quand tu as voulu partir, j'ai voulu quitter avec toi. Tu voulais voler de tes propres ailes, j'ai voulu être libre avec toi. Tu étais fougueuse, j'étais amoureuse.

Québec, ma vieille, tu as grandi. Tes rêves d'indépendance se sont un peu taris. On t'a malmenée, déchirée, meurtrie. On t'a blessée, tu as du mal à cicatriser. Tu as perdu de ta ferveur, de ta vigueur. Tu es fatiguée, Québec. Tu t'es perdue un peu, dans la foulée. Et tu ne sais plus qui tu es. Tes convictions se sont effondrées. Tu crises d'adolescence, Québec ; tu cherches ton identité.

Québec, ma bouleversée. Ta peur est légitime, ta confiance est ébranlée. Et tu es bourrée de bonne volonté. Mais ces temps-ci, Québec, tu es tiraillée. Tu oscilles, tu tergiverses, tu chancèles, tu titubes... As-tu trop bu, Québec? Et moi, je ne sais plus toujours sur quel pied danser. Peut-être s'est-on trop éloignées? C'est pourtant toi qui m'as enseigné à accepter la diversité, à grandir de la différence, à l'accueillir, à l'adopter. Et maintenant, te voilà angoissée. Et il me semble que tes armes sont disproportionnées. Ne sont-ce pas des canons, que tu fais péter, alors qu'il n'y a qu'une mouche à tuer?

Québec, mon inquiète, mon agitée, ma tourmentée... calme-toé, va boire un thé.

2 commentaires:

  1. J'espère que tu le feras lire à Anne Boucher, elle aimera, j'en suis assurée! Quelle excellente écrivaine tu es! Je suis ta fan numéro un!

    So

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    1. Oh, je n'y manquerai pas! Merci Sophiiiiiiiiiiie!!!!

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